La filière du soja biologique occupe une place stratégique dans l’économie togolaise. Depuis plusieurs années, le pays s’est imposé comme un acteur notable sur le marché du bio, notamment en Europe, où la demande en produits agricoles certifiés ne cesse de croître. Cependant, cette dynamique est aujourd’hui fragilisée par des signaux d’alerte venant des organismes de contrôle internationaux. Entre exigences réglementaires, risques de contamination et défis de traçabilité, le soja bio togolais se trouve au centre de plusieurs interrogations.
Pourquoi le soja bio togolais est sous surveillance ?
Les autorités européennes ont récemment renforcé les contrôles sur les produits biologiques importés, dont le soja en provenance d’Afrique de l’Ouest. Cette décision s’explique par la volonté de garantir la conformité stricte aux normes bio, qui interdisent notamment l’utilisation de pesticides, d’engrais chimiques et d’OGM.
Dans ce contexte, certaines cargaisons de soja biologique ou supposé biologique ont suscité des interrogations quant à leur pureté et leur traçabilité. L’Union européenne applique désormais des procédures plus strictes afin de s’assurer que les produits exportés respectent pleinement le cahier des charges réglementaire.
Pour le Togo, cela implique une surveillance accrue, des analyses supplémentaires et une exigence renforcée en matière de certification.
Des impacts directs sur les exportations togolaises
Cette pression réglementaire peut avoir des conséquences lourdes pour la filière locale. Le soja bio représente une part importante des exportations agricoles togolaises, et une mise sous contrôle prolongée pourrait ralentir les expéditions vers l’Europe, principal débouché du produit.
Un durcissement des règles ou un refus de lots pourrait :
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réduire les volumes exportés ;
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diminuer les revenus des producteurs ;
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fragiliser les coopératives ;
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altérer la réputation du soja togolais sur les marchés internationaux.
Dans un marché compétitif, où les importateurs recherchent des fournisseurs fiables, la moindre suspicion peut entraîner des répercussions immédiates.
Les causes des risques de non-conformité
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi la filière soja bio est considérée comme sensible :
1. Traçabilité parfois insuffisante
Le passage du grain du champ au port d’exportation implique de nombreux acteurs. Sans un système rigoureux de suivi, le risque de mélange entre soja bio et conventionnel augmente.
2. Risques de contamination
Des résidus de pesticides peuvent apparaître, même involontairement, par exemple lorsqu’un champ biologique se trouve à proximité d’une exploitation conventionnelle. Les manipulations post-récolte peuvent également constituer une source de contamination.
3. Capacité limitée d’analyse
Les laboratoires nationaux ne disposent pas toujours de tous les équipements nécessaires pour détecter des traces infimes de molécules interdites. Cela oblige parfois les exportateurs à compter uniquement sur les laboratoires européens, ce qui allonge les délais et accroît l’incertitude.
Comment renforcer la fiabilité du soja bio togolais ?
Malgré ces défis, le Togo dispose de nombreux atouts pour consolider sa position sur le marché international. Plusieurs actions peuvent être mises en place pour sécuriser la filière.
1. Investir dans la traçabilité
La digitalisation de la chaîne de valeur (enregistrement des parcelles, suivi des lots, traçabilité numérique) permettrait d’assurer une meilleure transparence.
2. Former les producteurs
Les agriculteurs doivent être régulièrement sensibilisés aux bonnes pratiques biologiques : gestion des intrants, distances de sécurité entre parcelles, stockage séparé, procédures post-récolte.
3. Renforcer les contrôles nationaux
Le développement de laboratoires locaux capables de réaliser des analyses approfondies augmenterait la crédibilité des exportations togolaises.
4. Collaborer étroitement avec les organismes certificateurs
Une communication fluide avec les organismes de certification permet de prévenir les non-conformités et de renforcer la confiance des acheteurs étrangers.
Conclusion : une filière en transition, mais pleine de potentiel
La filière du soja biologique togolais traverse une phase délicate marquée par des exigences accrues et des risques de réputation. Toutefois, ces défis représentent également une opportunité : celle de bâtir une chaîne de valeur plus solide, plus transparente et mieux adaptée aux standards internationaux.
En investissant dans la qualité, la traçabilité et la formation, le Togo peut non seulement préserver l’accès à des marchés exigeants comme l’Union européenne, mais aussi renforcer sa position comme l’un des leaders africains du soja biologique.